Je suis ravie de laisser la parole aujourd’hui à Anouk qui travaille dans une agence de communication à Montpellier. Elle nous parle de ses missions mais également de ses clients et en particulier d’un d’entre eux qui a su adapter sa communication en cette période de crise sanitaire. Un cas pratique, une piste de réflexion pour vos propres activités.
Bonjour Anouk, peux-tu nous parler de Wonderful, agence pour laquelle tu travailles et ton poste ?
Avec plaisir ! L’Agence Wonderful est une agence de communication basée à Montpellier. Nous accompagnons nos clients à la fois sur leur marque dans un contexte de mutation sociétale (branding, pub, messages, …), mais aussi sur toute leur transformation digitale et présence en ligne via notre équipe web et via le pôle Social Media et e-réputation que je représente aujourd’hui.
A l’agence, je suis consultante en stratégies réseaux sociaux et influence digitale. Je suis donc en charge de l’élaboration et la mise en oeuvre de campagnes d’influence digitale pour des clients régionaux, nationaux ou internationaux, et de la gestion de leurs réseaux sociaux.
Vous accompagnez les entreprises dans leur campagne de communication. Comment ont réagi vos clients à l’annonce du confinement ?
Nous avons des clients très différents, autant en termes de taille, de manière de fonctionner, d’activité… Ils ont donc tous réagi très différemment ! Nous sommes une agence où l’humain et le lien relationnel avec nos clients sont très forts. Nous avons donc très rapidement mis en place des cellules de crises avec eux afin de les rassurer sur notre capacité à les accompagner sur cette période, et leur proposer des recommandations adéquates.
Est-il possible pour les entreprises commerciales de continuer à communiquer en temps de crise ? Et notamment grâce aux influenceurs ?
Oui, et c’est même plus que possible, c’est recommandé ! Mais il est bien sûr nécessaire d’adapter sa communication. Nous gérons plusieurs comptes réseaux sociaux de marques, et nous avons dû très rapidement rebondir pour adapter nos prises de paroles. Le temps est à la solidarité, et toutes nos actions de communication doivent soutenir aller dans ce sens.
Les influenceurs sont des relais essentiels dans ces moments là, car ils ont une réelle proximité avec leurs abonnés ce qui leur confèrent un pouvoir de recommandation très important. Ils sont notamment des relais privilégiés pour relayer les pratiques solidaires.
Nous avons par exemple lancé avec la Région Occitanie une plateforme mettant en relation les habitants et les producteurs locaux qui proposent la livraison, afin d’inciter les habitants d’Occitanie à rester chez eux et se faire livrer, tout en consommant local et soutenant les petits producteurs. La plateforme a très vite eu beaucoup de succès avec plus de 500 000 connexions, et nous avons lancé une campagne d’influence digitale afin de communiquer le plus largement possible sur cette action.
Pour autant, nous avons bien entendu reporté toutes les opérations d’influence qui impliquent des expériences, des envois de produits, ou des rencontres.
Je sais que certains de vos clients pour lesquels vous menez une campagne de marketing d’influence, ont souhaité maintenir leur communication comme Pink Lady. Comment la décision a-t-elle été prise ?
Pink Lady® Europe avait lancé avant le confinement une opération qui consistait à faire adopter des pommiers de leurs vergers à des consommateurs, afin de pouvoir suivre leur évolution toute l’année et aller récolter leurs pommes lors de la récolte en Novembre.
Cette adoption était possible en rentrant un code qui était disponible dans des barquettes Pink Lady en magasin. Dès le début de la crise, la marque a décidé de ne pas inciter les personnes à aller en magasin pour acheter des pommes, et nous avons donc fait évoluer cette opération en campagne d’influence, où les influenceurs de la Pink Family (une communauté de blogueurs qui nous suit tout au long de l’année) communiquaient le code de parrainage à leurs abonnés pour qu’ils puissent adopter leur pommier.
Cette opération permet de créer un vrai lien entre les producteurs et les consommateurs, et permet un soutien indéniable de la filière. Par ailleurs, les influenceurs que nous avons activé sur cette campagne sont des personnes avec qui j’échange tout au long de l’année, qui sont de réels ambassadeurs de la marque et qui connaissent très bien le sujet.
En parallèle de cette opération, nous avons également lancé une communication quotidienne sur les réseaux sociaux de Pink Lady®, avec des idées de recettes simples à réaliser pendant le confinement, des idées d’activités manuelles pour les enfants à télécharger gratuitement sur le site Pink Lady® (coloriages, set de tables, jeu de mémoire..).
La campagne a-t-elle été bien perçue du côté des communautés des influenceurs ?
La campagne Pink Lady® a été très bien perçue par la grande majorité des influenceurs, car elles leur permettaient de parler de sujets “plus légers” et de sortir du quotidien angoissant dans lequel nous évoluons. Le fait de pouvoir soutenir les producteurs locaux en communiquant sur leurs vergers lors de la récolte des pommes était aussi un élément important pour eux.
Certains influenceurs m’ont confié, au contraire, ne pas avoir le coeur à communiquer sur un sujet qu’ils considéraient comme “trop léger”, ce que je peux tout à fait comprendre aussi !
C’est aussi pour cela que j’apprécie de travailler avec les influenceurs que je choisis, car ils gardent leur libre arbitre et leur avis n’en est que plus authentique quand ils décident de communiquer sur votre marque.
En période de crise, les budgets communications ont souvent tendance à passer à la trappe, les entreprises se concentrant sur d’autres priorités. Avez-vous le sentiment d’ores et déjà que les prochains mois vont être difficiles pour les agences de communication ?
Il est vrai que c’est un discours souvent tenu que les budgets com’ sont les premiers à être coupés. La réalité est qu’une large majorité des secteurs économiques vont être impactés. On parle peut-être de la plus forte crise depuis 1945 … Donc il est évident que les agences sont et seront impactées.
Selon L’UCC Grand Sud, fin Mars, 96% des agences du Grand Sud ont déjà constaté une baisse d’activité et 75% des agences ont eu recours au chômage partiel.
De notre côté, nous avons eu très rapidement des impacts avec un événement annulé, et nos clients touristiques qui ont dû fermer et stopper leurs campagnes. Nous nous attendons cela dit à un impact durable dont nous ne mesurons l’ampleur réelle qu’en fin d’année.
A ton sens, quels impacts cette crise aura-t-elle sur la communication d’entreprise ?
Je pense qu’il y aura sûrement une prise de conscience sur la nécessité de communiquer moins, mais mieux, de manière plus utile. Revenir aux choses plus essentielles, se recentrer sur l’humain et donner plus de sens aux actions que l’on mènera.
C’est le sens de notre positionnement d’agence évolutionnaire, accompagner les marques et les institutions à évoluer dans les mutations sociétales et leur transformation digitale, d’évoluer vers leur raison d’être et des supports utiles aux citoyens-consommateurs.
Penses-tu qu’elle puisse avoir une incidence sur le futur du marketing d’influence ?
Côté influence digitale, je privilégiais déjà (que dis-je, je prônais!!) le fait de travailler avec des micro-influenceurs, afin d’avoir du contenu plus qualitatif et plus engageant, et une plus grande authenticité dans les prises de paroles.
Ma vision du métier et de l’influence ne correspond pas celle que beaucoup de gens imaginent, et qui consisterait à payer très cher un influenceur qui a une énorme audience pour obtenir beaucoup de visibilité.
Je viens des relations presse, donc pour moi le principal est de concevoir un marketing d’influence le plus authentique et humain possible, dans la co-création et la discussion.
Donc dans un sens, j’espère que cette crise aura comme incidence de revenir justement à un marketing d’influence plus raisonné, plus engagé, plus créatif et plus tourné vers l’humain et la rencontre.
Commence-t-on chez Wonderful, à penser, voir même à préparer l’après coronavirus ?
Bien que nous n’ayons pas beaucoup de visibilité, on essaie d’avoir un coup d’avance. Depuis le début, la préoccupation de l’agence est surtout orientée sur la santé des équipes. C’est pourquoi nous nous sommes mis en télétravail un peu avant le début du confinement.
L’agence est aussi en train d’anticiper les mesures sanitaires liées au déconfinement pour permettre à tous de retourner travailler dans des conditions de sécurité les plus idéales possibles.
Sur la dimension commerciale, nous sommes persuadés que notre position d’accompagnement dans la transformation digitale va devenir de plus en plus importante car nos clients auront des modèles qui vont certainement évoluer.
Retrouvez Wonderful sur Twitter @agencewonderful et sur son site internet
